L’objet de ce dossier est d’apporter un éclairage sur les deux styles de Taiji Quan les plus connus dans le monde, soit le style Yang, le plus répandu et le style Chen qui serait son point d’origine sinon un de ses points d’origine car tout le monde n’est pas d’accord sur les questions historiques dont on ne fera pas cas dans ce dossier, faute d’apports irréfutables.

COMPARATIF POSTURAL et de SENSATIONS

STYLE YANG : nom de famille du patriarche nommé Yang Luchan

  1. Les mains sont tournées vers soi, ce qui déclenche des sensations Yin, de douceur, afin de considérer d’abord son espace intérieur.
  2. La posture Gong Bu dite de « l’arc et flèche » se finit dans la direction en face de soi, avec les hanches perpendiculaires à la direction avant/arrière. Le sens des mouvements et de la force se fait devant soi
    • Cette posture peut s’adapter à toutes les morphologiesavec des postures de l’arc dites « petites », « moyennes » ou « grandes ».
  3. Peng, est la force première, essentielle contenue dans les 7 autres (Lu, Ji, An, Cai, Lie, Zhou, Kao). C’est une force de vie en expansion. Cette force se développe de façon plus linéarisée, plus compacte, avec une spirale plus intériorisée.
  4. Enchaînement des mouvements traditionnels ou Tao Lu des 108 appelé aussi 85 mouvements. Cet enchaînement attribué au petit fils Yang Chengfu est divisé en trois parties, « la terre », « l’homme », « le ciel ».
  5. La vitesse d’exécution des mouvements est lente et constante. Le rythme est caché et vécu surtout à l’intérieur, entre les concentrations d’énergie ramenées au Dantian inférieur et les détentes de la force vers l’extérieur.

STYLE CHEN : nom de famille du patriarche nommé Chen Wanting

  1. Les mains sont tournées vers l’extérieur, ce qui a pour effet de sentir les articulations des membres supérieurs se tendrent un peu, sensation globale plus Yang.
  2. La posture Gong Bu se définie sur une ligne latérale gauche/droite. Le sens des mouvements bascule d’un côté vers l’autre, par exemple de la droite vers la gauche en gardant un regard et un contrôle sur les deux côtés
    • Cette posture demande une certaine ouverture de hanche bien que nous puissions retrouver les trois niveaux décrits à gauche. L’ouverture de hanche peut s’améliorer grâce à ce style
  3. Peng, est toujours la force première mais elle se traduit avant tout dans ce style par la force dite de « l’enroulé de la soie, Chansi Jin ». Les 7 autres forces sont communes à tous les styles et cependant sont développées de façons singulières.
  4. Enchaînement des mouvements en 76 mouvements pour la Lao Jia de Chenjiagou et 83 mouvements pour la Lao Jia de Beijing (Chen Fake). La construction de ces enchaînements fait apparaître des similitudes dans les deux styles Yang et Chen
  5. La vitesse d’exécution des mouvements est toujours lente avec changements de rythme cette fois. Nous voyons nettement la différence entre les ralentissements qui correspondent à l’emmagasinement de l’énergie dans les articulations et au Dantian et les sorties de forces qui s’expriment parfois en explosion appelé « Fa Jin ».

Conséquences

Le style Yang apparaît plus internecaché et de ce fait il s’est répandu avec une multitude d’interprétations qui font la diversité et la richesse de ce style où chacun peut le pratiquer quelle que soit sa condition physique.

On pourrait dire qu’il présente ainsi un spectre large à grande focale, où chacun semble pouvoir apporter sa propre touche créative. Il apparaît ainsi moins exigeant et plus douxde prime abord.

Le rythme lent et constant favorise la détente, le recueillement, le détachement.

Ce style s’adresse surtout aux adultes et séniors et peut s’adapter aux enfants.

Educatif, anti-stressrééducatif à la suite de traumatismes et préventif notamment pour les chutes chez les séniors

Le style Chen apparaît plus martialplus spectaculaire mais n’en reste pas moins un style de Taiji Quan avec une priorité sur le travail de fond, les connexions et les circulations internes. Le style Chen peut se pratiquer de façon très douce mais la position arc et flèche demande plus de force au niveau des jambes et une ouverture de bassin plus importante.
 
Les positions du Chen favorisent l’étirement des lombaires et augmente entre autre le métabolisme au niveau du foie. 

Ce style s’adresse surtout aux adultes ayant une condition physique suffisante, mais une pratique douce de ce style permet à bon nombre de personnes de s’y exercer.

L’augmentation du travail spiralé procure un essorage des tissus qui favorise l’élimination des toxines.  Pour les deux styles il faut faire attention à la position des genoux afin de ne pas les blesser.


Bien que le style Chen paraisse plus martial, le style Yang traditionnel demeure toujours très puissant tout en ne montrant que peu de signes à l’extérieur.

Le style Chen peut attirer davantage les jeunes mais attention de ne pas le développer comme les Wu Shu externes. La lenteur gestuelle est l’outil majeur pour transformer peu à peu notre relation avec nous-même.

Le Taiji Quan favorise la convivialité et les échanges inter générations.

Sur le plan de la santé tous les styles de Taiji Quan sont reconnus pour les bienfaits qu’ils apportent :

  • Solidité des appuis, renforcement des jambes et des liaisons jambes/bassin, épaules/dos
  • Augmentation de la circulation sanguine et lymphatique
  • Renforcement tendino-musculaire et amélioration de la qualité des différents tissus conjonctifs
  • Diminution des problèmes articulaires et notamment au niveau du dos
  • Respiration plus ample et profonde avec une libération  du diaphragme
  • L’attention s’accroît et le mental se calme
  • Augmentation des sensations kinesthésiques et proprioceptives
  • Amélioration de l’équilibre
  • Amélioration des ouvertures articulaires et de la souplesse en général
  • L’endurance des muscles de structures est augmentée
  • Renforcement du plancher pelvien, notamment avec la respiration inverse, qui est excellente pour la prévention de la descente des organes
  • Augmentation du système immunitaire 
  • Rééquilibrage postural

Que vous soyez un passionné de cet art chinois ou que vous y trouviez un apport complémentaire à vos autres disciplines, sachez que la science gestuelle du Taiji Quan, sa coordination complexe, rendra vos différents apprentissages plus aisés.

En conclusion de ce comparatif

Mon expérience personnelle ne me fait pas privilégier un style plutôt qu’un autre. Selon les besoins, la forme du moment, les deux styles sont très complémentaires et peuvent être menés de concert comme deux faces de la même pièce.

Si le style Chen était enseigné de façon plus douce, il trouverait un écho favorable chez un plus grand nombre de pratiquants. 

La douceur doit primer sur la dureté. Ne dit on pas dans les textes classiques anciens qu’il faut découvrir peu à peu, par les transformations incessantes, une aiguille d’acier pur au centre d’un corps souple et adaptatif.  


Écrit par Jean-Jacques Galinier, Expert en Taiji Quan style Yang et Chen.


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